L'Institut Technique de la Côte Sud

Vue du bourg des Côteaux 

Posted  20 avril, 2018

Quand cette image fut esquissée dans les années 1700 par ordre officiel du gouvernement français, Côteaux, faisant jadis partie de la "Paroisse des Anses", n'était qu'un bourg de 19 maisons. À l'époque, selon M. Moreau de St. Méry, le bourg des Côteaux était grouillant d'activités commerciales, avec des petits et grands bateaux entrant et sortant de son petit port où le café, le cacao, le sucre, l'indigo et d'autres produits vivriers étaient sans doute expédiés massivement vers l’Europe.

La peinture indique la position de la batterie du bourg, où sera plus tard inhumé Gilles Benech, un combattant de la guerre de l’indépendance et l’un des lieutenants de Laurent Férou. Est-ce le fort hébergeant jadis le bureau de télégraphe ou la place d’armes ? Sont aussi visibles la délinéation de la région de Débauchée et de l'Anse-à-Louis et les arbres délimitant le boulevard St. Pierre et la région du marché et de la Place de la Concorde. 

L'un des navires parait être en feu et en train d'être remorqué. S'agirait-il d'un acte de sabotage? Les coteaux auxquels le bourg doit son nom sont clairement visibles à l'horizon. La topographie de la ville a-t-elle vraiment changée?  Juste au fond, on peut clairement voir la petite colline dénudée où s'érige aujourd'hui l'École Notre-Dame de Lourdes.

On n’aperçoit cependant pas l'église catholique, car à cette époque, l'église paroissiale et le presbytère se trouvaient au pied de la petite colline où se situe le cimetière de la ville. En fait, Saint Méry était perplexe quant à la raison pour laquelle ces deux bâtiments avaient été construits au milieu du cimetière. La seule explication pourrait être le fait que la plupart des planteurs blancs avaient leurs demeures et leurs maisons de spéculation dans la région des Quatre-Chemins, dans les environs du cimetière.

 Si vous étiez mulâtre, vous ne pouviez habiter qu'à Ti Guinen (Petite Guinée), nom moqueur et méprisant donné  par les blancs à ce quartier des mulâtres. On rapporte aussi que la rivière Passe-Colas était très poissoneuse et l'Empereur infestée de caïmans. 

Lettre de Laurent Férou (1805)-- Férou est né sur l'habitation Pinet ou Pinot aux Côteaux.  Il est l'un des combattants des guerres de l'indépendance américaine (à Savannah) et haitienne (dans le sud). Il fut nommé commandant de Jérémie sous l'empire de Dessalines, où  il mourut. Ses dépouilles gisent encore aujourd'hui au Fort Marfrand (L'image du tombeau à gauche est de Haiti Connection).

J'ai essayé de déchiffrer dans sa totalité la lettre ci-jointe de Férou; mais certains mots me paraissent illisibles. Bien que Férou l'ait signée, cette lettre semble cependant avoir été rédigée par ou dictée à quelqu'un d'autre : la signature de Férou étant incompatible au style calligraphique du contenu de cette correspondance. MSP.

En voici donc la transcription :

À Monsieur Nicolas Herreson                                                     Capitaine de la Goélette naufragée, l’Alexandre à Jérémie   

Je ne puis vous permettre, Monsieur, d’exporter la quantité de gourdes que vous demandés (sic), attendu que sa Majesté Impériale (L'Empereur Jacques Premier -- Dessalines) me le défend bien expressemans (sic), et n'entend poins (sic) que l'argens (sic) monnayés (sic) sortens (sic) de Son Empire.

Je vous salue. 

Férou